Bonjour ! Ici Bénédicte, dite le Pouce. Si je suis ainsi surnommée, c’est en partie parce que nous comptons nous donner un coup de main, mes quatre collègues (Index, Majeur, Annulaire, Auriculaire) et moi-même pour alimenter ce blog de nos humeurs gourmandes et goguenardes, c’est aussi parce que cette aventure devrait nous lier comme les cinq doigts de la main, une fois retiré le gant en caoutchouc de la plonge.
Vous en conclurez déjà que je suis une optimiste, et pour affiner un peu le portrait, j’ajouterai que j’aime lire, écrire, jouer de la guitare électrique, fabriquer des ours en peluche, autant que manger, ce qui me qualifie au minimum comme doigt Numéro Uno, celui qui différencie la femme du mammifère bipède dépourvu de pouce préhenseur.
Si je vous informe d’ores et déjà que j’aime lire, c’est que j’ai une petite idée en tête : partager avec vous les bonnes tables que l’on trouve dans les livres. Car la plupart des héros doivent manger, et que leur ont concocté leurs auteurs ? C’est ce que je vais m’efforcer de découvrir dans les semaines qui viennent…
Contrairement aux garçons de la bande qui prétendent ne pas toujours réussir à cuire un œuf, je cuisine régulièrement et avec plaisir, ce qui donne lieu à de réjouissants et parfois humiliants dérapages, en cuisine, en salle à manger, et éventuellement à l’hôpital dans les cas les plus graves.
Si certains préfèrent se cacher derrière une majuscule anonyme pour vous compter leur mésaventure culinaire, sachez que j’assume entièrement mes bévues en cuisine. Hé oui, qui ne tente rien d’un tantinet risqué n’a rien dans son assiette qui vaille la peine d’être raconté…
Mais revenons à mon histoire : j’ai à dîner ce soir-là, des amis tolérants et ouverts d’esprit, qui ne m’en voudront pas de quelques fantaisies, pour autant qu’ils en redemandent, et s’en lèchent les doigts entre les plats.
Le shopping lié à la préparation du plat m’a entraînée en des lieux improbables, tel ma pharmacie de quartier, où je vois dans les yeux du pharmacien un certain flottement lorsque je lui demande de me vendre une robuste seringue, susceptible de résister à la chaleur d’un four et à la chair d’un poulet.
Venons-en aux faits : il est environ dix-huit heures quand, entourée de mes emplettes, j’ouvre le livre de recettes où j’ai repéré l’alléchant «Poulet au Coca» dont on vante tant les mérites sur les antennes tendance « fooding » et dans la presse branchée.
Première étape, mettre le poulet en crapaudine. Je dois avouer que jusqu’alors, je n’ai de cette technique barbare, qu’une connaissance toute théorique. Me voici donc à étendre la volaille sur le bloc à découper, bréchet dessous, cuisses écartées, et à presser fermement en suivant des yeux les instructions, dans un mouvement que je ne recommande pas pour terminer un massage si vous voulez garder vos amis.
A contre coeur, les cuisses se disloquent avec un bruit mou, laissant un poulet, ma foi relaxé à l’extrême, prêt à inaugurer un plat en pyrex, un peu juste pour sa taille (vous allez voir que ce détail a son importance).
Convenablement assaisonné, le volatile part au four pour une durée chronométrée. Pendant ce temps, je prépare dans un bol mon mélange à base de Coca et autres aromates. A partir de là, les choses se corsent.
Avez-vous déjà tenté d’injecter un liquide gazéifié à un poulet, le tout dans un environnement exigu et brûlant ? Je ne vous cacherai pas que c’est difficile. La recette précisant que l’on doit bien piquer PARTOUT dans la volaille et que celle-ci gît piteusement sur le ventre, je fouille consciencieusement de l’aiguille, par-ci, par-là, gonflant la peau dorée de Coca, cherchant en profondeur les blancs.
Tant et si bien que tout à coup, je me retrouve piston à la main, aiguille disparue ! Tout ce que je sais, c’est qu’elle se trouve forcément à l’intérieur du poulet, et que j’aurais du mal à expliquer sa présence peu ragoûtante dans une assiette au moment de la dégustation.
Au bord de la panique, je tente de soulever le poulet, qui calé trop juste dans son plat à coins carrés refuse obstinément de bouger. Voyant le temps filer, les invités approcher, et ma patience atteindre ses limites, je saisis deux spatules en bois qui me paraissent adaptées à la situation et les glisse peu à peu sous le volatile qui s’élève comme sur un cric.
Dessous, je ne vois rien, de la sauce, mais pas le moindre éclat métallique. Je me lamente intérieurement quand la loi de Murphy frappe encore : les DEUX spatules cassent et l’oiseau plonge de tout son long, soulevant une vague grasse, brune et bouillante qui m’asperge de volutes poisseuses sur mon joli haut blanc.
Vous me direz, ça m’apprendra à porter un tablier en cuisinant. D’ailleurs j’en ai un maintenant, importé du Japon et décoré d’un Tare Panda. On apprend par ses erreurs !
Conclusion : un poulet bien raté, insuffisamment grillé à force de laisser la porte du four grande ouverte, pendant que je cherchais une aiguille que jamais je ne trouvais (Je devrais rebaptiser cette recette le Poulet David Vincent). Mes convives qui sont très aimables n’ont pas protesté, ni saigné en se piquant la langue.
Je ne me rappelle plus si j’ai eu des félicitations, mais c’est possible…
Bénédicte
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